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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 01:01

Chez la souris, un vaccin déclenche le rejet, par le système immunitaire, de la méthamphétamine, une drogue qui entraine une forte dépendance.

Du cannabis au tabac en passant par la cocaïne, les drogues engendrent une dépendance physique et psychologique. On dispose de peu de moyens efficaces pour lutter contre cette dépendance, et les recherches en la matière explorent diverses pistes. L'équipe de Kim Janda, à l'Institut Scripps en Californie, s'intéresse à la méthamphétamine : grâce à un vaccin, ils obtiennent des souris qui produisent des anticorps neutralisant la drogue.

La méthamphétamine est une drogue de synthèse qui se répand en Europe depuis quelques années : aux propriétés euphorisantes, parfois utilisée comme produit dopant, elle déclenche une dépendance rapide. Les chimistes américains ont cherché à activer le système immunitaire contre cette molécule, avant qu'elle ne pénètre dans le cerveau. Ils ont injecté à des souris une molécule qui imite la méthamphétamine : elle a quasiment la même forme, mais ne déclenche pas les mêmes effets délétères. Seule, cette molécule n'est pas repérée par le système immunitaire. Dès lors, les biologistes lui ont associé une protéine auxiliaire, volumineuse. Cet assemblage est alors détecté par le système immunitaire, lequel déclenche la production d'anticorps spécifiques dirigés contre cette construction et notamment contre la partie qui est l'homologue de la méthamphétamine. Lors d'une consommation ultérieure de méthamphétamine, ces anticorps reconnaissent cette molécule, s'y fixent et la neutralisent.

La conformation spatiale la plus active de la méthamphétamine sert de modèle pour la conception d'un antigène efficace : six molécules de géométrie semblable à celle de la drogue ont été synthétisées par l'équipe américaine, puis injectées chez les souris. Trois de ces molécules donnent des résultats prometteurs : les anticorps produits ont une affinité et une sélectivité élevées pour la méthamphétamine, et leur concentration dans le plasma sanguin, mesurée après deux ou trois injections d'antigènes, est importante. Comme la méthamphétamine, ces trois molécules portent une charge électrique positive, et présentent dans une position similaire un cycle aromatique, encombrant. Ces similitudes expliquent vraisemblablement l'affinité élevée des anticorps produits vis-à-vis de la drogue.

Des essais cliniques vont évaluer l'effet de cette substance vaccinale sur la réduction des effets euphorisants de la méthamphétamine. Cette technique peut également être appliquée à d'autres drogues, et des essais cliniques sont en cours sur la cocaïne et la nicotine. Selon Daniele Zullino, spécialiste des addictions à l'Hôpital Universitaire de Genève, de tels vaccins constituent un traitement efficace dans le cadre d'une prévention précoce, afin d'éviter que ne se mette en place le câblage neuronal de la dépendance. En revanche, pour une addiction ancienne, ils ne gommeront pas les mécanismes neuronaux déjà à l'œuvre : ils pourront éviter que la conduite automatique de consommation de drogue ne s'aggrave.

 

Source : article de Guillaume Frasca in Pour la Science.fr

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